Die Maschinenhalle

La construction

Le chantier du Palais des Machines est en pleine activité. De tous les côtés, on assemble et on rive entre elles les pièces détachées qui doivent composer les grandes fermes de 110 mètres. On sait que la construction des vingt grandes fermes a été répartie en deux lots : l'un, du côté de l'avenue de La Bourdonnais, est échu à la Compagnie de Fives-Lille; l'autre, du côté de l'avenue de Suffren, à la Compagnie Cail. Les procédés employés par les deux sociétés pour lever les fermes sont complètement différents.

De chaque côté des échafaudages latéraux, se dressent déjà les amorces des fermes; entre les échafaudages, sur le sol, on distingue les énormes pièces métalliques qui seront élevées à 50 mètres et s'appuieront sur la toiture inclinée, en forme de grandes marches, et seront reliées aux tronçons verticaux. Ces pièces, qui paraissent colossales, couchées sur le sol, auront l'aspect le plus léger à 50 mètres de hauteur. Dans une quinzaine de jours. la première ferme sera montée ; les trois échafaudages se déplaceront alors sur des galets, car, malgré leurs dimensions considérables, ces énormes charpentes pourront rouler sans grands efforts, cédant ainsi la place à chaque ferme levée ; ces fermes sont au nombre de dix pour Fives-Lille les dix autres, du côté de Grenelle, sont l'oeuvre de la maison Cali, qui emploiera, pour le montage, des échafaudages d'un seul tenant.
La mise en lumière

La soirée de samedi comptera dans les annales de l'Exposition; on attendait impatiemment l'ouverture des grandes galeries le soir et leur éclairage à la lumière électrique. Cette inauguration a en lieu avec un plein succès; il n'y avait qu'une voix pour admirer le Dôme central, la ,galerie de 30 mètres et la Galerie des Machines.
C'est magnifique ! c'est superbe! c'est féerique ! On n'entendait que des exclamations de ce genre. Le fait est que le spectacle dépasse tout ce qu'on peut imaginer : le Palais des Machines, notamment, avec la courbure hardie de sa colossale nef et ses superbes verrières, paraît plus vaste encore par l'étincellement des mille feux qui l'inondent. Une centaine d'arcs voltaïques, disposés dans toutes les allées, et quatre lustres de douze arcs, espacés dans la longueur de l'allée centrale, jettent un éclat sans pareil sur tous les détails de la puissante ossature de fer du Palais; au centre, le phare tournant, dont les rayons se promènent alternativement sur les machines en mouvement, sur les roues colossales, sur les métiers agiles, sur les effrayants engins en activité, augmente encore la féerie de cette illumination générale. Le réussite de l'éclairage électrique du Palais des Machines dépasse toutes les prévisions. C'est un succès sans précédent et bien digne des efforts faits pour le réaliser, et qui fait oublier promptement les quelques jours de retard qui ont abouti à un si beau résultat. Voilà donc les portes de l'Exposition tout entières ouvertes à deux battants tous les soirs; dans une quinzaine, les galeries des industries diverses et les sections étrangères seront, elles éclairées à la lumière électrique, et tout le monde, voudra voir le soir cette exhibition unique d'un palais enchanté, plus vaste qu'une ville entière.Les générateurs et les machines motrices
Les générateurs de vapeur s'étendent sur un rectangle de 30 mètres de largeur et de 850 mètres de longueur, parallèlement à l'école militaire, entre le Palais des Machines et l'avenue Lamotte-Piquet.

Veut-on des chiffres qui permettent de se faire une idée de la valeur de ce simple renseignement! En voici :
- A l'Exposition de 1855, la première où il fut donne de voir des machines en mouvement, la force motrice était de 330 chevaux
- A l'Exposition de 1867, elle était de 625 chevaux
- A l'Exposition de 1878, de 2,500.
Le traité passe avec l'administration porte que les machines pourront donner une force égale à deux mille trois cent soixante chevaux-vapeur; deux cent trente-cinq chevaux environ sont fournis en plus sous conditions, ce qui porte à près de deux mille six cents chevaux la force motrice disponible sur les arbres de couche du Palais des Machines.
La puissance maximale que les trente-deux machines seraient susceptibles de développer est donc supérieure à celle pour laquelle il a été traité, puisque, comme nous l'avons dit plus haut, elles pourraient être appelées à fournir cinq mille cinq cent chevaux-vapeur.
La transmission principale du mouvement comprend quatre lignes d'arbres allant d'un bout à l'autre du Palais des Machines et ayant une longueur totale de 1.359 mètres 56 centimètres.
Outre cette transmission principale, on a installé dans différentes classes de la galerie des transmissions de moindre importance.
L'escalier

A côté des ajustements très intéressants des fers du commerce constituant l'ossature des édifices, on rencontre de nombreux exemples de cet art très ancien, mais toujours beau, du fer forgé.
M. Dutert, l'architecte du palais des Machines, a voulu lui aussi donner à l'entrée du monument, dans le magnifique et si gracieux vestibule qui fait suite à la galerie de trente mètres, un exemple de cet art qui peut être considéré comme le précurseur des grandes constructions métalliques.
c'est la belle rampe qui conduit au premier étage du palais, dans la composition de laquelle il a donné libre cours à sa fantaisie d'artiste.
La rampe, un chef-d'œuvre de l'art du fer forgé, a été, exécutée par M. Maison, constructeur aux Riceys (Aube), consiste en une suite de panneaux s'appliquant sur le limon de l'escalier. Ces panneaux Ce composent de larges rinceaux avec fleurs et amortissements en bronze ciselé ; les panneaux droits des paliers portent des cartouches également en bronze. On petit citer comme le morceau le plus remarquable de ce beau travail le départ de la marche palière du rez-de-chaussée.
Les enroulements des volutes des fers sortent tous d'un tronc soutenant un écusson d'un très beau style et viennent s'épanouir dans une sorte de floraison métallique sur les pilastres des candélabres électriques.
Malgré la difficulté du travail, l'exécution le l'oeuvre est des plus soignées et digne en tout point du palais dont elle décore l'entrée, et par l'ampleur de sa conception et par l'irréprochable exécution qui en font un chef-d'œuvre qui honore la classe 133 à laquelle il appartient.
Les auteurs


L'opinion publique qui a souvent beaucoup de bon sens a réuni les deux noms Dutert et Contamin, Contamin et Dutert lorsqu'elle admirait cette merveilleuse nef.
Elle n'a pas voulu chercher quelle pouvait bien être la part respective de chacun, elle pensait qu'ils se complétaient l'un l'autre, que la mise en commun de leurs efforts, de leur science, de leur haute valeur, de leur patience avait pu seule accomplir ce prodigieux travail.
L'architecte ne pouvait pas se passer de l'ingénieur, et l'ingénieur ne pouvait pas se passer de l'architecte. Cette association de deux hommes considérables, sous la direction d'un maître comme M. Alphand, a produit le Palais des Machines.
Je voudrais m'arrêter là, mais la curiosité a été si vivement excitée par notre grande Exposition qu'on a voulu connaître l'histoire anecdotique de toutes ces merveilles.
Je ne crois pas commettre une indiscrétion en disant que M. Dutert avait apporté un premier plan dans lequel une série de fermes occupait l'espace de la grande nef, mais qu'en étudiant ces plans, il lui vint à l'idée de supprimer ces fermes pour les remplacer par une ferme unique; l'idée était heureuse, elle était hardie, elle était même audacieuse. M. Contamin, qui a dirige avec une si grande autorité toutes les constructions métalliques, fut séduit par ce projet d'une ferme de 110 mètres de portée; il avait une préoccupation, c'est que les dépenses ne fussent très considérables.

La grande nef conquit tous les suffrages et on pouvait être assuré qu'avec deux hommes comme MM. Dutert et Contamin, ces projets qui étaient ébauchés sur le papier deviendraient une réalité.
J'ai eu l'occasion à cette époque d'entrer dans le cabinet de M. Dutert et dans le cabinet de M. Contamin, je ne crois pas que, dans le public, on se rende un compte exact de la somme de travail que l'élaboration du palais des Machines a exigée. M. Dutert avait mis une sorte de passion fiévreuse à faire ses plans tandis que M. Contamin, avec la collaboration de J. Charton et de Pierrot, étudiait jour et nuit les moyens de résoudre un des problèmes les plus ardus et les plus complexes.
J'avoue que j'admirais la patience de ces deux hommes qui travaillaient avec une opiniâtreté persévérante, ne laissant deviner à personne leurs préoccupations, ne se laissant pas rebuter par les difficultés, se gardant bien de faire parade de leurs efforts, donnant l'exemple bien rare de leur modestie et de leur désintéressement.
Ils n'ont pas fait de bruit autour de leur projet; ils n'ont pas informé le public de leurs espérances, ils venaient à leur cabinet chaque jour pour reprendre leurs études que la fatigue seule interrompait. Quand on a levé là première ferme du Palais des Machines au Champ de Mars on ne se doutait guère dans le public qu'un des plus beaux problèmes avait été résolu.

Quelques chiffres

Hauteur | 48,324 mètres |
Largeur | 115 mètres |
Longueur | 420 mètres |
Machine motrice | 32 machines |
Surface | environ 8 hectares |
Puissance maximum pouvant être généré par les motrices | 5.500 chevaux vapeurs |